Gertrude et Conchita
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Chapitre premier
Gertrude est une truite arc-en-ciel du réservoir d’Albi (elle aurait pu aller à Sivens , mais….) , c’est une triploïde, en manches courtes. Elle n’a pas eu de chance dans sa vie.
Elle est née dans un petit bassin, appelé pompeusement nurserie, sous le regard intéressé d’un pisciculteur cupide. D’abord oeuf, sorti du ventre de sa maman , expulsé sans ménagement par le vilain monsieur, puis la main experte du bonhomme a masturbé consciencieusement son papa qui a déversé sur lui sa laitance. Enfin à grand brassage d’eau propre (la seule de sa pauvre vie), à l’aide d’une grande plume duveteuse, il a mélangé le sperme aux oeufs afin que s’accomplisse le miracle de la vie. En quelques jours notre oeuf s’est transformé et un petit embryon de truite (Gertrudette) est sorti. D’abord alevin à résorption de vésicule, puis petit poissonnet aux flancs commençant à prendre une pâlotte couleur rose, ressemblant à celle du poisson roi. Gertrude est fière.
C’est à partir de là que ça se gâte. La voilà transférée dans un bassin aux parois bétonnées avec ses copines (plus elles seront nombreuses , plus le pisciculteur aura un compte en banque garni). Elle est nourrie tous les jours au granulé Sanders et il faut jouer de la nageoire pour pouvoir manger à sa faim car ce con de pisciculteur balance tout, d’un coup, au même endroit. Sa journée elle la passe à tourner en rond dans ce bassin abrasif qui a eu raison de ses belles pectorales. Gertrude grandira là entre un ciel grillagé (à cause des cormorans) et un fond merdeux (à cause des cacas de ses copines). Pas besoin de consulter une diététicienne, elle va vite grossir pour atteindre un poids respectable, grasse à souhait. Elle ne connaîtra même pas la joie de la maternité. Puis un jour, elle sera vendue comme esclave, voyagera dans un camion, ballotée de droite à gauche, puis elle sera enfin libérée dans son nouveau et dernier domaine.
Là, se croyant enfin libre de couler des jours heureux d’une retraite bien méritée, elle va vite déchanter. L’eau est trouble, infestée de dangers. Les cormorans n’ont plus de grillage salvateur et les attaques incessantes sont affolantes, il faut être sur ses gardes. Mais certains jours les cormorans sont bizarrement absents et là quelques objets colorés traversent le lac, des rouges des verts , des blancs , des noirs. Enervants ces machins ! Un bon coup de dents et ….. voilà Gertrude pendue dans un filet, un mal de chien aux ratiches sous le regard hilare d’un homme qui, dans un geste brutal sous un rire idiot, va la libérer sans ménagement. Quelle trouille et quelle claque !
C’est que des fanfreluches colorées il en passe beaucoup, elle se fait souvent avoir. Si bien qu’au mois de juin, Gertrude , fatiguée, la gueule de travers, trois pin’s accrochés à ses flancs, nageant à grand peine dans cette eau devenue chaude, va se laisser berner par un nouveau venu : l’asticot. Mais là elle sait ! C’est son dernier voyage, dans la lutte pour la forme qu’elle oppose, elle refait le film de sa vie, misérable. Echouée sur la terre, tirée sans ménagement à 6 mètres du bord, au cas où, elle reçoit le coup fatal derrière la tête. Gertrude finira au fond d’un congélateur, oubliée de tous.
Chapitre deuxième.
Conchita es una trucha « arco de iris » del rio Futaleufu en la provincia de Chubbut , en Argentina.
C’est une sacrée veinarde . Elle est née au milieu des graviers blancs d’un tributaire de cette rivière, dans une eau limpide. D’abord oeuf, sorti du ventre doré de sa maman, qui après avoir, de sa caudale, préparé le lit nuptial ; en frottant ses flancs sur les graviers elle les a expulsés par milliers. Son papa, beau mâle de 4kg, aux dents acérées et au regard méchant, a , dans une jouissance extrême, inondé sa future progéniture de sa laitance. Le faible courant, la ventilation de la caudale de ses parents ont fait le reste. L’oeuf Conchita enfoui dans les galets s’est transformé en alevin à résorption de vésicule. « BRRR ! l’eau est fraîche », furent ses premiers mots. Autour d’elle un véritable garde à manger, lui permet de grossir rapidement. Conchita est vive, l’oeil constamment aux aguets car les prédateurs rodent. L’eau est claire , on les voit arriver de loin, les caches sont nombreuses. Conchita va vite grossir, elle va gagner les grands courants, remonter très haut cette rivière interminable, ses belles couleurs arc en ciel vont s’aviver. Elle prend conscience qu’elle est aussi une prédatrice. Les larves , les truitelles les pancoras, les insectes vont désormais faire partie de son menu.
Tiens ! une fanfreluche rose qui passe, un coup de dents et…..la voilà dans un filet, elle se débat mais rien n’y fait, elle commence à manquer d’eau( !), elle est prisonnière. L’homme enlève alors délicatement le crochet qui piquait sa gueule et,
après l’avoir doucement réoxygénée, la relâche dans son milieu. Elle n’a même pas eu mal . Elle est devenue maintenant un grosse truite, crainte de ses congénères. Un jour une fanfreluche jaune qui passait, elle l’a coqué et elle est partie avec ce pin’s au coin de sa gueule qui la rendait encore plus redoutable. En quelques cabrioles elle s’en est débarrassé. Puis elle a rencontré l’amour. Il s’appelait Roberto, un mâle de 3kg. Ils ont fait un bout de route ensemble jusque dans un petit ruisseau en amont, là ils ont fait l’amour dans cette eau claire. Ils se sont quittés en se promettant de revenir là l’année prochaine.
Conchita coule des jours heureux dans un pool profond où ses congénères respectueux, lui laissent le passage et le gite le plus sûr.
Chapitre troisième
Dans le club de Blagnac, deux veinards (comme Conchita) ont décidé d’aller compliquer la vie de Conchita, mais autant la vie de la pauvre Gertrude est facile à comprendre, autant toutes les Gertrude d’Albi sont de bonnes filles soumises, laides et pas féminines pour deux sous, autant les Conchita sont rusées, puissantes, et sournoises.
Mais voyons, il y a une certitude , c’est que Conchita et Gertrude sont de lointaines cousines ! La nourriture de l’une vaut bien la nourriture de l’autre…. Oh ! pas si sûr !
Alors je vous lance un défi :
Vous allez monter 2 mouches (ou plus si vous le voulez). Une pour pêcher , l’autre pour la postérité.
Ces deux mouches vont s’adresser aux Conchita de Patagonie et vous allez essayer de prendre une Gertrude d’Albi avec celle-ci.
Quelques contraintes cependant.
1- Il faudra un modèle parmi les suivants :
- Streamer Dog nobbler ham 8 TL avec des pattes souples (élastique fin) , tête plombée (bille ou chaine lavabo) , queue marabout, corps chenille + hackles large, couleur noir, olive, rouge, blanc.
- Scarabée avec pattes souples ham 10 , éthafoam noir.
- Tchernobyl avec pattes souples ham 10 TL , éthafoam coloré.
- Sauterelles vertes, jaunes , orange avec pattes.
- Noyée ham 10 style Black pennel
- Sedges ham 10 – 12 chevreuil , corps marron et pattes élastiques.
- Adams parachute avec toupet blanc pour visualisation..
- Stimulators ham 10-12 , couleur jaune, orange, vert.
- Nymphes ham 10-12 ,classique : faisan, bille, pattes en biot d’oie blanc .
- Bombers chevreuil avec toupet blanc, ham de 10.
2- Le principe est de s’appliquer sur le montage de ces mouches , de les tester lors du challenge et d’offrir ces mouches à nos amis Thierry et Romain qui auront ainsi une pensée pour les copains restés au pays qui se contenteront des Gertrude pour s’amuser, eux, traquant les Conchita du Rio Futaleufu !
A moins qu’une vraie Conchita en chair et en os , ou une Consuella (90-70-90) , ne mette son dévolu sur Romain ,c’est vite fait : un tour de tango (ollé !) ou un paso dobble (re-ollé !) , une naturalisation argentine, et le voilà propriétaire d’une hacienda au bord du Rio Pico ,cela nous fera un pied à terre futur pour ceux qui voudraient vivre leur aventure .(Le Thierry , lui est déjà propriété privée )
Ceux qui ne pourront pas (ou ne voudront pas ) participer au challenge peuvent aussi fabriquer les mouches et les offrir aux heureux élus !
Le jour du challenge, les mouches n°2 me seront remises dans une enveloppe (celles qui ne pêcheront pas), on les remettra en main propre lors de la remise du trophée. On va essayer de varier les modèles. Il faudra arriver au moins 30 min avant l’ouverture du lac, donc à 8h30 maxi. Les dates et modalités seront données en temps utile.
Le Président
Claude P.
9ième challenge du
président
Gertrude et Conchita
En ce samedi matin , 8h15, 23 membres du club mouche se
retrouvent autour du lac de la Borie blanche à Albi, pour le 9ième
challenge du président qui consistait à prendre une truite arc en ciel du réservoir d’Albi avec une mouche destinée à
une lointaine cousine de la Patagonie Argentine.
Comme toujours le concours dure 45 min, dès la première
truite prise, elle détermine le vainqueur et le concours s’arrête. La suite de
la journée se passe à pêcher librement le lac avec beaucoup de bonne humeur. A
ce petit jeu ce n’est pas toujours le plus expérimenté qui tire son épingle du
jeu.
En effet notre Titou ,
nouveau venu au club , peu assidu à cause de son travail, aimant la
convivialité, le contact des copains, la pêche en étant le prétexte, se voit,
10 minutes après le coup d’envoi de la compétition, avec une truite qui avait
saisi son streamer blanc. Le plus surpris , c’était lui . Une photo, le
poisson regagne son élément et voilà notre vainqueur.
Le concours étant fini, tout le monde peut pêcher avec les
mouches qu’il veut.
Une petite anecdote cependant. L’un des compétiteurs,
pourtant très expérimenté, pilier de ce
lac, connu comme le« loup blanc », « une fine canne »
aurait dû gagner. Car dès le coup d’envoi, au premier lancer, son streamer noir
à papattes, fait mouche. Ferrage, tendu , prise…. Casse ! ça arrive, me
dira-t-on, mais là, il y a quand même de la cocasserie dans l’air.
Notre B…., s’était mis du rouge à lèvres juste avant de faire
son nœud, ses mains grasses ont enduit le crin et le nœud a glissé. Bon, en
même temps, B…. se défend en disant qu’il s‘agit de labello et pas de rouge à
lèvres, mais nous on n’est pas dupes, on sait qu’il existe du rouge à lèvres
incolore. Alors, mon petit B…. tu n’as pas à avoir honte, ta vie privée ne nous
regarde pas et pour te prouver notre soutien devant cette épreuve, je propose
qu’à la prochaine sortie club à laquelle tu participeras, tous les autres
s’enduiront les lèvres d’un beau rouge vif !! On ne sera pas tous
« Charlie » (quoique) mais on sera « B….. »
Bon allez je te charrie,B…., tu es un compagnon de pêche
sensationnel et un pêcheur de réservoir émérite ; pour le trophée, il t’a
échappé cette année, tu le méritais, mais voilà, une erreur technique ça se
paie !
Le trophée , donc, est remis à midi lors de l’apéro à Titou,
par l’ancien détenteur, Jean Claude, il le gardera un an (en l’arrosant de
temps en temps). La mouche trophée qu’il pourra garder pour la postérité à été
fabriquée par notre ami Roger , le monteur aux doigts d’or.
Titou, tu sais ce que la détention du trophée implique :
C’est comme une mission spirituelle de miss France ! Bien sûr on te
demandera pas de te promener en maillot 2 pièces, ou en robe de soirée ;
mais, tu devras lors des animations publiques ou privées organisées par le
club, venir avec le trophée et répondre aux sollicitations des journalistes,
des fans en transes, des people…
Voilà , le 9ième challenge a vécu. Après un bon
petit repas, un dessert amoureusement préparé par Paulette et Momo, dont Roger
et Antoine se sont disputés les restes et quels restes… !, tout le monde
est reparti pêcher et Gageons que Thierry et Romains pour lesquels le challenge
a été fait, pourront profiter des mouches que les compétiteurs leur ont offerts
pour leur voyage en Argentine fin janvier. Certains d’entre-eux ne se sont pas
contentés d’un modèle mais de plusieurs, toute une série de streamers,
attractors, stimulators, tchernobyl, noyées, sedges, scarabées…
Leur mission : s’éclater en pensant à nous et un
reportage pour nous mettre l’eau à la bouche.
Vive le challenge 2016 !
Le
président : Claude P.
